DE VOUS AIEUX, en passant par moi !

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B comme Bestiaire

Si la première guerre mondiale a fait plus de 9 millions de morts (civiles et militaires) , ce sont des        milliers d'animaux qui périrent au nom du devoir militaire.

 

Ainsi plusieurs millions de chevaux seront utilisés par l'ensemble des armées à une époque où la mécanisation des troupes en est encore à ses balbutiements. La première guerre mondiale va faire basculer en 4 années les Etats-Majors du XIXème au XXème siècle !

 

Au total entre août 14 et décembre 18, ce sont pas moins de 1 880 000 équidés dont 150 000 mulets qui seront mobilisés par l'armée française,  12 000 chiens (100 000 pour l'ensemble de belligérants sans compter les 200 000 pigeons dont 60 000 pour la seule armée française.

 

La réquisition  des chevaux et des mules n'a pas été sans poser de difficultés dans nos campagnes privées de leur outil de travail.

 

En tant qu'auxiliaires de l'armée, nos amis les animaux payèrent également un lourd tribut : 

 

  • entre dix et onze millions de chevaux tués dont 1 140 000 pour la France soit en moyenne près de 500 par jour de guerre. (Ce nombre diminuera à la fin de la guerre avec l'arrivée des camions et chars de combat)
  • 5300 chiens morts dans les combats sur les 12 000 enrôlés dans l'armée française
  • 20 000 pigeons "français" seront morts en service.

 

Cette hécatombe valait bien qu'on leur rende   hommage.

 

Et en la matière, ce sont  les anglais qui "tirèrent les premiers". 

En effet, il semblerait que nos amis britanniques eurent après guerre plus de respect pour leurs animaux engagés  que les français.

 

On ne compte pas à ce sujet les témoignages de mauvais traitements dont ont été victimes nos amis à 4 pattes dans l'armée française de l'époque.

Il semblerait que les volatiles ait eu  davantage de considération car leur  rôle a été très important particulièrement en tant qu'agent de liaison, en tout cas beaucoup plus efficace que les lignes téléphoniques et télégraphiques qui étaient détruites à chaque bombardement.

 

D'ailleurs à ce jour, l'armée française possède toujours une unité colombophile. !

 

Et pendant très longtemps, le seul monument français érigé en France en hommage aux animaux de guerre a été celui de Lille dédié aux pigeons voyeurs dans une région où les sociétés colombophiles étaient une tradition. Il a été inauguré en 1936 et se situe à l'entrée du zoo de la ville.

 

Au_pigeon_voyageur,_Lille_J1

"Aux pigeons voyageurs" -Lille

Auteur Jamain, licence CC BY-SA 4.0 

 

"Le Vaillant" pigeon français a même fait  l'objet d'une citation à l'ordre de la Nation et obtenu la Distinguished Service Cross américaine pour avoir accompli sa mission *

 

Mais revenons à nos anglais !

 

Ils sont à l'origine du premier cimetière d'animaux et monument rendant hommage à l'ensemble de ceux qui sont morts lors de la Grande Guerre.

Il se situe à Pozières dans la Somme a été inauguré le 21 juillet 1917 alors que la guerre n'est même pas terminée..

 

Les statues équestres sont une vieille tradition mais elles avaient surtout pour but de glorifier le cavalier et non l'animal.

Et sur les rares monuments aux morts sur lesquels sont représentés des chevaux, ces derniers apparaissent surtout comme une simple monture.

Citons  néanmoins  Neuville-lès-Vaucouleurs, petite commune située à 70 kilomètres de Verdun, qui érigea une statue d’un poilu enserrant un âne.

 

Mais ce sont encore les anglais  qui dans la plus pure  tradition britannique voue un véritable culte à la race chevaline inaugure le sujet avec un monument situé dans la Somme à Chipilly. Il est l'oeuvre de Henri Désiré Gauquier. Inauguré en 1922 le monument est dédié à la 58e division britannique (London Division) . qui fut  une des seules divisions / anglaise qui en coopération avec l'armée française et les / corps d'armées australiens et canadiens réussit à pénétrer / les défenses allemandes entre Le Quesnoy et Montdidier / le 8 août 1918 déterminant le commencement de la retraite / allemande qui se termina par l'armistice du 11 novembre 1918.

 

Puisque nous parlons cheval, comment ne pas citer le superbe monument de Luc Coomans sur les chevaux de guerre situé à Ypres en Belgique.

Sur ce sujet, je ne pourrai que conseiller à nos jeunes la lecture de l'excellent roman de Michael Morpurgo  "Cheval de Guerre" adapté à l'écran en 2011 par Steven Spielberg.

 

Mais qu'en est-il en France ? peu ou prou de monuments consacrés à nos amis les bêtes.

 

On peut citer celui de Pagny-sur-Moselle en Meurthe-et-Moselle représentant un soldat montant la garde avec son chien.

 

Il semblerait que la collectivité n'ait pris conscience que  récemment de ce vide. Sur l'impulsion de militants de la cause animale ou d'associations, plusieurs municipalités ont  depuis peu inauguré des monuments à la gloire de nos animaux disparus :

 

  • Au sommet du Breifirst dans le Haut-Rhin, une stèle érigée en hommage aux "Poilus d'Alaska" nom donné aux 450 chiens de traineaux venus d'Amérique du nord prêter main forte aux soldats français dans les Vosges, en les ravitaillant et en les évacuant
  • A Venette dans l'Oise, une stèle rend hommage à tous les animaux "qui ont servi et qui sont morts aux cotés des troupes française.
  • La ville de  Yerres (91) grâce à son comité de la cause animale, a inauguré une plaque commémorative pour les animaux morts durant les conflits de l'histoire dans son Parc de la Grange au Bois, dès 2018.
  • A Montreuil (93) en 2021, une plaque commémorative situé au pied du monument aux morts rend hommage aux animaux tués pendant la Grande Guerre. 
  • Plus récemment à Suippes dans la Marne , une statue dédiée aux chiens héros civils et militaires a été inaugurée le 20 octobre 2022  Une initiative de la Centrale Canine, à proximité du plus grand chenil militaire d’Europe.
  • En juillet dernier, un plaque rendant hommage aux chevaux enrôlés ou morts pendant la première guerre mondiale, a été dévoilée dans le parc des Buttes-Chaumont à Paris.

 

D'autres initiatives identiques pourraient voir le jour très prochainement dans d'autres arrondissements de la capitale.

 

En 2018, après moults rebondissements et tergiversations, la Ville de Paris a  accepté le principe monument dédié aux animaux tués pendant les guerres. Comme à Bruxelles, Londres, Ottawa ou Camberra, les animaux devraient avoir leur mémorial. Il devrait être inauguré très prochainement dans le square Boucicaut (7ème arrondissement)..

 

Mais l'animal le plus récurrent  sur nos monuments reste sans nul doute notre brave coq gaulois. Juché au fait de nos obélisques on ne les compte plus ! Qu'il soit en posture triomphante regardant la ligne bleue des Vosges, terrassant l'aigle impérial ou écrasant un casque à pointe il symbolise avant tout la pugnacité et le courage du combattant. Bec ouvert il est prêt à faire retentir La Marseillaise.

 

A Plouezec, dans les Côtes d'Armor, le coq qui domine le monument aux morts pose le pied sur un casque à pointe. Ce détail avait du heurter les officiers allemands à l'arrivée de la Wermacht. L'un deux l'a fait démonter. Un employé de la mairie fut chargé de cette besogne mais il prit soin de conserver pendant toute la guerre "l'objet litigieux" à l'abri. Ce dernier fut replacé à la Libération.

 

Plouezec 22

 

Monument aux morts de Plouezec (22) -Collection personnelle

 

Dans ce bestiaire, on peut rencontrer d'autres animaux :

 

L'aigle, bien évidemment symbole de l'empire allemand déchu sera piétiné comme à Bult dans les Vosges ou  abattu comme à Compiègne (60) ou à La Couarde-sur-Mer (17).

 

 "Le lion blessé" de René Paris (1881-1970) situé à Fleury-sous-Douaumont (55). Il a été construit à l’emplacement d’une chapelle détruite pendant la bataille de Verdun en 1916 et il marque la limite de l’avancée allemande sur Verdun.
Celui-ci rend hommage aux combattants de la 130ème division qui se sont battus courageusement en ces lieux afin d'empêcher l'ennemi de passer.
On y trouve aussi les numéros de l'ensemble des divisions qui ont participé aux combats dans ce secteur entre juin et octobre 1916.

 

Auguste Bartholdi  (1834-1904) avait déjà traité le sujet avec le "Lion de Belfort" symbole de la résistance aux prussiens lors du siège de cette même ville. C'est sous sa réplique sur la place Denfert Rochereau à Paris qu' Henri  Rol-Tanguy (1908-2002) choisit d'installer le QG des FFI lors de l'insurrection de Paris en Aout 44. 

 

Plus insolite : on retrouve le roi des animaux également sur le monument aux morts dédiés aux forains  situé à Rouen.

  

*D'autres animaux ont été récompensés pour leurs actes de bravoure

Le chien le plus célèbre reste sans conteste Stubby, un bull-terrier du 102ème RI de la 26ème division américaine , le plus décoré de la guerre élevé au grade de sergent. !

Satan autre chien autre chien décoré, porteur d'un message  au fort de Thiaumont au cours de la bataille de Verdun et qui sera blessé au cours de sa mission.

Rags chien de liaison de la 1ère division d'infanterie américaine décoré de la croix de guerre avec deux étoiles.

 Le cheval Ragtime, de l'armée britannique, finira avec cinq médailles à la lanière de son frontal et défilera avec les vétérans.

Et plus récemment Diesel le malinois décédé à St Denis en 2015 au cours de l'assaut du RAID contre les terroristes du Bataclan.

 

 

Sources :

 

Divers artciles de journaux en lien.

Base de données de l'Université de Lille

"36 000 cicatrices". Editions du Patrimoine. Paris 2016

"Quand les monuments aux morts racontent la grande guerre" de Bruno Rivals. Edirions Ysec. 2019

Wikipédia

 

 

 



02/11/2023
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