DE VOUS AIEUX, en passant par moi !

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D comme Décoder

Comprendre un monument aux morts c'est savoir  le décoder !

 

En effet l'érection des monuments obéit à un certain nombre de règles tacites, toujours respectées de nos jours. 

 

Bruno RIVALS dans son ouvrage (1) en dénombre 7 :

 

  1. Ne pas transgresser le deuil et la douleur
  2. Redonner une forme d'existence aux défunts en les nommant.
  3. Fournir un lieu de recueillement physique.
  4. Na pas montrer physiquement l'ennemi.
  5. Eviter le formes trop abstraites
  6. Pouvoir s'inscrire dans le temps
  7. Enfin, être porteur de sens.

 

Au delà, chaque monument à histoire commune et une histoire qui lui est propre.

 

Commune car, rien ne ressemble plus à un monument aux morts qu'un autre monument aux morts de par sa destination et comme on a pu le voir dans un précédent article la production en série de ceux-ci a eu une tendance a créé un standard ; l'obélisque ou le pilier mémoriel.

 

Une histoire qui lui est propre ensuite car chaque monument est le témoin visible  d'une volonté et d'une histoire locale.

 

Depuis quelques années , je propose aux scolaires un atelier intitulé "Décrypter un monument aux morts"

Je le fais à titre individuel mais aussi dans le cadre de l'association "Les Jeunes et le Généalogie" que j'anime. Cet atelier fonctionne très bien.

 

S'intéresser aux monuments aux morts de son village c'est faire de l'histoire vivante et comprendre pourquoi tous les 11 novembre, les 8 mai, une cérémonie s'y déroule devant et rappeler pourquoi ces jours sont fériés.

 

Autrefois, les scolaires étaient associés à ces moments de cohésion nationale. De nos jours c'est de moins en moins le cas !

 

Donc je vous propose aujourd'hui une méthodologie pour appréhender et comprendre  un monument aux morts.

 

Ce qu'il faut savoir tout d'abord c'est  qu'il existe 4 types de monuments :

 

  1. Les monuments civiques portés sur les valeurs de la République
  2. Les monuments patriotiques qui vont exalter la gloire et/ou le sacrifice
  3. Les monuments funéraires qui expriment le deuil, la douleur de ceux qui restent
  4. Les monuments pacifiques.

 

Le type de monument est révélateur de l'état d'esprit de ceux qui l'ont voulu à l'époque.

Les milieux républicains préfèreront des monuments civiques alors que les milieux conservateurs choisiront plutôt un monument expiatoire.

Quant aux autres, ils préfèreront des monuments patriotiques.

Les monuments pacifistes sont un cas à part car ils ne sont pas nombreux d'une part, et j'y reviendrai dans un autre article .

 

On s'intéressera ensuite à son emplacement. Est-il le fruit du hasard ? Certainement pas ! Ce dernier a pu faire parfois l'objet d'âpres négociations entre les administrés, les associations d'anciens combattants et la municipalité...

Car le choix du lieu est loin d'être anodin.

Trop près d'un bâtiment religieux faisait monter au créneau le camp laïc, trop près de la mairie ou de l'école faisait réagir les ligues catholiques car traditionnellement le culte des morts a été pendant très longtemps l'apanage de l'Eglise.

 

La loi de décembre 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat était encore dans tous les esprits !

 

Faute d'accord, certaines communes possèdent deux monuments aux morts, l'un près de la Mairie, l'autre dans le cimetière....

 

Quoiqu'il en soit, 80% des monuments érigés l'ont été sur trois emplacements stratégiques : une place publique proche de la mairie, à proximité de l'église ou dans le cimetière.

 

Puis on observera la forme du monument, son entourage (chaine, grille., fleurs....)

 

Les matériaux utilisés pour sa construction sont également importants peuvent être le reflet d'une histoire locale.  Généralement en pierre, parfois en béton, en Bretagne on a par exemple  privilégié le granit.

 

Les noms des morts ou disparus sont ils classés par ordre alphabétique et/ou chronologique. C'est souvent la liste des "Morts pour la France" inscrits sur le Livre d'Or de la commune qui a servi de base à l'élaboration de cette liste. Ya t-il eu des oublis ? Si oui pourquoi ?

 

Y a-t-il des noms identiques ?

 

Viendront ensuite les inscriptions qui y figurent.

 

A ce sujet, les dédicaces sont intéressantes également à étudier ( A nos enfants, A nos morts....) et n'ont pas forcément la même portée et la même signification d'un monument à l'autre.

 

Quelles sont les  guerres  qui y sont commémorées?

 

On s'intéressera bien évidemment  aux ornementations :

 

La statuaire s'il elle existe ( poilu, femme, personnage de l'Histoire de France...), les symboles militaires ( les armes, le casque, les médailles...), le drapeau tricolore, les végétaux sculptés  (lauriers, palme...), les symboles religieux et funéraires ( la croix chrétienne, l'urne funéraire ...) 

 

Toutes ces représentations symboliques  ne sont pas non plus le fruit du hasard et  revêtent une signification.

 

Les signatures enfin, seront l'occasion de se pencher sur l'auteur du monument surtout quand ce dernier se révèle être artiste connu ou ayant une réputation locale.

 

monument Civray

 

Le Poilu victorieux, par Eugène Benet (1863-1942). Civray, France • WIKIMEDIA COMMONS

 

 

(1) "Quand les Monuments aux Morts racontent la grande guerre" Editions YSEC. Novembre 2019

 



04/11/2023
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